Julien Daoust, précurseur du théâtre québécois

Julien Daoust naît en 1866 à Saint-Polycarpe, en Montérégie. Il fait ses débuts au théâtre à l’adolescence aux côtés de Blanche de la Sablonnière, dite la « Sarah Bernhardt canadienne ». Il quitte le Québec en 1890 pour faire carrière à New York où il joue tant en français qu’en anglais pendant 8 ans.

De retour à Montréal, il constate le peu de place qu’occupent les artistes canadiens-français sur les scènes professionnelles de la métropole, les rôles principaux étant, la plupart du temps, confiés aux actrices et acteurs venus de France. Il fait alors construire le Théâtre National dans le but de valoriser le travail des artistes d’ici.

Julien Daoust est un acteur acclamé, ce qui ne l’empêche pas de faire également de la mise en scène et, surtout, d’écrire des pièces. Il maîtrise d’ailleurs plusieurs genres spectaculaires, parmi eux, le mélodrame, la comédie en un acte, le drame patriotique et la revue d’actualité. Ce sont toutefois ses drames religieux qui connaissent le plus de succès.

Homme de théâtre complet, mais surtout, audacieux, il innove sur le plan de la dramaturgie, de la scénographie et de la mise en scène. Il produit en 1898 la première représentation de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand en Amérique, il conçoit une pièce de théâtre aux décors entièrement faits de projections dès 1907, organise des tournées dans les communautés francophones des États-Unis et écrit des textes en employant le « parler populaire québécois », ce qu’on nomme aujourd’hui le joual et ce, 60 ans avant que Michel Tremblay ne fasse parler ses Belles-sœurs. Bien que son nom soit aujourd’hui occulté de l’histoire du théâtre québécois, il est certain que Julien Daoust a tracé le chemin qu'empruntent ensuite Gratien Gélinas, Rose Ouellette, Henry Deyglun, Jean Grimaldi, Michel Tremblay et tant d’autres.