Le cinéma
Le Théâtre National ouvre cinq ans après les premières projections cinématographiques des frères Louis et Auguste Lumière en France. La technologie suscite un rapide engouement et ne met pas beaucoup de temps à traverser l’océan pour rejoindre Montréal. Dès 1897, le parc Sohmer propose des projections en plein air sous la supervision de l’électricien Léo-Ernest Ouimet.
Propriétaire du restaurant Aux Deux Frères qui est mitoyen du théâtre, Georges Gauvreau est un homme d’affaires avisé. Il vient d’acquérir le Théâtre National après trois semaines d’activités qui n’ont pas atteint la rentabilité souhaitée. Gauvreau qui a exploité un restaurant de fruits et bonbons au parc Sohmer voit une occasion à saisir en incluant des projections de « vues animées » aux entractes des pièces de théâtre à partir de 1901. Ouimet, déjà architecte du système électrique du théâtre, qu’on dit être le plus sophistiqué de la ville, d’ailleurs, est une fois de plus aux commandes du projecteur. Il demeure employé de Gauvreau jusqu’à ce qu’il ouvre, en 1906, son propre cinéma, le Ouimetoscope, la toute première salle du Canada dédiée à la projection cinématographique, à peine à un coin de rue du National.
On peut donc dire que les projections de vues animées côtoient le spectacle vivant sur la scène du National depuis ses tout débuts, ou presque. Et dans les moments de crise économique, où présenter du théâtre n’était plus rentable, ses différentes administrations ont pu maintenir la salle en activité grâce aux vues animées, puis au cinéma. Il est même possible d’avancer l’hypothèse que le Théâtre National doit sa survivance à ses projecteurs et son écran.




