Les dépenses encourues pour la construction du théâtre et la mise en œuvre de la première pièce présentée, Faust, laissent Julien Daoust sans le sou. Il ne peut plus assurer le fonctionnement du National. Il se voit donc contraint, après seulement deux semaines d’activité, de céder son entreprise à l’homme d’affaires et restaurateur Georges Gauvreau. Ce dernier fait appel, dès le mois de mars 1901, à Paul Cazeneuve, un Américain d’origine française, pour assurer la direction artistique du théâtre. Ce dernier doit ainsi déterminer la programmation hebdomadaire, concevoir les effets scéniques et la mise en scène de chaque pièce, procéder à l’embauche des artistes et à la distribution des rôles tout en se réservant les personnages de premier plan.

Gauvreau et Cazeneuve respectent néanmoins l’essence du projet que Julien Daoust avait formé pour le Théâtre National, soit celui d’offrir une scène pour les artistes canadiens-français, interprètes comme dramaturges. Cazeneuve met sous contrat plusieurs acteurs et actrices d’ici, en plus de faire rapidement place à la création de nouveaux textes dramatiques écrits par des auteurs locaux. Le Théâtre National s’impose comme l’une des pierres angulaires de l’essor du théâtre québécois.